Un petit escalier en pierre très étroit mène à la cave voûtée de cette belle bâtisse d’Arnouville (Val-d’Oise). Il faut se baisser pour y accéder. Des racks de bouteille sont à terre, certains sur un matelas posé tout de suite à gauche, dans l’angle de la cave. Dessous, un sac de couchage et deux pieds dépassent. Le corps de celui que tout le monde appelait Arthur est ainsi découvert par les services de police le 8 janvier 2021.
Sergiu Baicev, 37 ans, qui n’avait plus donné de nouvelles depuis le 26 décembre précédent, est vite identifié malgré son visage fracassé par les coups. L’enquête qui était ouverte pour disparition inquiétante a pris une tout autre ampleur ce jour-là, lorsque les enquêteurs de la police judiciaire, tout juste cosaisis de l’affaire, ont passé au crible la bâtisse de la place de la République.
Près de trois ans plus tard, trois hommes sont dans le box des accusés depuis lundi, devant la cour d’assises du Val-d’Oise. L’un d’eux, Vitalic S, surnommé « le cobra », doit répondre de l’assassinat de la victime, moldave comme lui. Cet homme de 42 ans, chauve, au visage acéré, est l’auteur présumé des coups mortels.
Des traces de sang dans toute la maison
À ses côtés, deux hommes plus jeunes sont jugés toute cette semaine pour complicité d’assassinat. Ils sont suspectés de lui avoir porté assistance au cours de cette soirée. Un quatrième manque à l’appel et fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Il avait regagné la Moldavie lorsque le corps a été retrouvé, sentant le vent tourner. Tous contestent leur implication dans la mort de ce père de famille qui travaillait dans l’automobile.
L’enquête initiale avait débuté le 3 janvier 2021 avec l’arrivée dans le commissariat de Gonesse du gardien de la bâtisse. Il explique que Sergiu, qu’il a autorisé à habiter dans les lieux dans l’attente de la vente, pour éviter les squats, n’est plus là. Il a surtout découvert le logement du 1er étage constellé de traces de sang, dans l’entrée, le couloir, la chambre ou dans la douche. Autant d’éléments inquiétants que les policiers relèveront lors d’une première visite sur place, notant un grand désordre, retrouvant du scotch taché de sang.
Les policiers passent à côté du corps
Ils passeront assez inexplicablement ce jour-là à côté du corps dans la cave mais prendront connaissance d’une procédure pour disparition inquiétante ouverte à Sarcelles à l’initiative d’un ami de la victime. Il n’avait plus de nouvelles d’Arthur depuis le 26 décembre. Ce dernier lui avait confié avoir un problème « avec trois Moldaves ». Il aurait volé des papiers d’identité et des affaires personnelles « à trois personnes prêtes à le tuer si elles le retrouvent », dont une « a fait de la prison pour meurtre » selon ses dires.
Ce témoin capital permettra aux enquêteurs de Gonesse de retrouver le téléphone portable de Sergiu et par la-même occasion ses derniers contacts, les mettant sur la piste des accusés. L’examen des vidéos du carrefour de la République a permis de voir arriver la victime à Arnouville, puis trois autres personnes vers 20 heures le soir du crime. Les auteurs présumés repartant ensuite en voiture vers 23 heures.
La cour se penchera sur les faits à partir de mercredi, en particulier sur la position du principal accusé qui se défend d’avoir eu un litige avec la victime, évoque l’intervention de Tsiganes, et assure être étranger à la mort de Sergiu. Mais un de ses coaccusés l’implique totalement, l’ayant aidé à transporter le corps dans la cave et dans le sac de couchage, décrivant les coups portés par Vitalic, qui lui aurait confié que « personne ne peut le baiser de cette façon ».
« Manifestement, il y a trois menteurs et un absent à ce procès »
Qui est Vitalic S ? Âgé de 42 ans, marié, père de deux filles, il travaille dans le bâtiment au moment de l’affaire. Arrivé en France à Sarcelles en 2019, c’est « un homme calme et très respectueux », assure son épouse. « Il est serviable et s’occupe bien de sa famille », ajoutent des proches qui évoquent « un père exemplaire ». Pour d’autres, « il s’énerve facilement et peut être violent quand il est frustré », notamment pour le maire de son village en Moldavie où l’accusé a quitté l’école en seconde pour se former à la menuiserie. Devant l’enquêtrice de personnalité, il a refusé d’évoquer ses condamnations en Moldavie ou il a été déjà incarcéré.
« Manifestement, il y a trois menteurs et un absent à ce procès. La famille espère que devant les éléments objectifs du dossier, les accusés expliqueront ce qui s’est passé. Elle attend la vérité », confie l’avocat de la partie civile, Me Alexandre Braun, qui poursuit : « Il était arrivé récemment, venu chercher une vie meilleure en France. Il est père de trois jeunes enfants. Ce qui s’est passé est d’une violence incroyable. Il est très rare de voir des victimes abandonnées au milieu des gravats. Cela témoigne d’une absence absolue de considération pour la vie humaine. »
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